André Hunebelle Biographie

Publié par DPLM

André Henri Hunebelle

Meudon 1er septembre 1896 - Nice le 27 novembre 1985​

Portrait de M. André Hunebelle - Revue La Renaissance de l'Art Français décembre 1928

Etat civil : André Henri Hunebelle nait le 1er septembre 1896, 15 rue des Potagers à Meudon. Fils de Edouard Benjamin Joseph Hunebelle 42 ans, ingénieur, Chevalier de la Légion d'Honneur, et de Marie Thérèse Garambois, 37 ans son épouse sans profession. Il se marie le 28 mars 1919 à Staouëli (près d'Alger) avec Lucia Mireille Faure. Puis le 3 septembre 1936 à Alger avec Yvonne Aziza Chamberlain dont il divorcera le 22 décembre 1958. Il se remariera avec la même Yvonne Aziza Chamberlain le 11 juillet 1972 à Meudon. Il décède le 27 novembre 1985 à Nice.

Contrairement à une information abondamment colportée par certains écrits retrouvés dans des essais de biographies incomplètes, André Hunebelle n’a jamais été polytechnicien. Il préparait son entrée à l’école Polytechnique quand la guerre de 1914 éclata. Il ne finira pas sa deuxième année de mathématiques spéciales et devancera l’appel pour s’engager dès 1915. 

De l'industrie du bois durci à l'art de la verrerie, de l'ombre à la lumière :

Toutes les biographies d'André Hunebelle, faute de recherches sérieuses, ne retiennent que 2 périodes dans sa vie professionnelle : Celle de Maitre Verrier, puis celle de cinéaste. Or, il en existe une autre non moins importante, la production d'objets en bois durci, sa toute première activité.

En 1920, André Hunebelle rachète au successeur d'Ambroise Chevalier son créateur, une usine qui fabrique depuis 1883 des objets en bois durci située 17, rue de Chalons à Sézanne dans le département de la Marne. André Hunebelle dirigera l'usine jusqu'en 1926 date à laquelle elle sera détruite par un incendie. L'activité sera abandonnée, le matériau bois durci ayant été remplacé par d'autres matériaux plus modernes comme la bakélite. En 1928, André Hunebelle vendra les bâtiments de l'usine incendiée dont il était le directeur pendant 6 années.

Cette fabrique d'objets en bois durci possédait un magasin de vente à Paris, 11 rue Meslay près de la place de la République. C'est à cette adresse qu'André Hunebelle exposera et vendra ses premières verreries dès 1927.

Papier à entête de la manufacture de bois durci André Hunebelle
Papier à entête de la manufacture de bois durci André Hunebelle

Les débuts du Maître Verrier :

C’est par hasard qu’il se trouve intéressé en 1925 dans une affaire de verrerie. « Je songeai d’abord, disait il modestement, à ne pas la laisser péricliter » *.

* Cette information, que je donne sans garantie, imprécise notamment sur la date, le nom de cette verrerie, les circonstances de cet "intérêt", reste encore à vérifier.

Dès 1927, il expose pour la première fois ses œuvres au Salon des Artistes Décorateurs où immédiatement il retient l’attention. On retrouve parmi les modèles exposés lors de ce salon de 1927 le vase Poissons Chinois, le vase Bridge et le vase Bulles comme on peut le voir ici. Les créations des débuts sont encore composées d'emprunts de lignes qui ne sont pas sans rappeler l’Art Nouveau comme les vases Iris, Flore, Rose. Très vite ses travaux vont le mener sur la voie de la simplification et sur l’utilisation des formes très pures et géométriques dans la composition de ses œuvres qui vont prendre un style résolument ancré dans le plus pur style Art Déco voire Moderniste.

La presse en parle :

Dans un article d’Armand Pierhal, paru dans la revue l’Art vivant n° 154 de novembre 1931, André Hunebelle se confie au journaliste et explique sa fascination non pas pour le côté méticuleux des mathématiques mais pour l’imagination qui joue un rôle primordial dans le développement de cette science. Cet article nous apprend également que très jeune, il est attiré par le modelage et la sculpture qu’il a pu pratiquer lors de sa scolarité à l’Ecole de l’Ile de France à Liancourt, école qui mettait à la disposition des élèves de véritables fours et tours de potier. Ces deux données, imagination mathématique et sens plastique, nous ouvre des lumières à la fois sur la genèse et sur la nature de l’œuvre d’André Hunebelle. Mais plus encore que les mathématiques, c’est un langage décoratif d’essence géométrique dont Hunebelle va se servir pour la composition de ses formes. Il le dit lui même dans un article paru dans Paris Soir du 26 décembre 1927 : "L'Art moderne doit puiser ses ressources dans la géométrie". Mais les reliefs de ses pièces nous montre sans équivoque, qu’il est aussi éminemment et avant tout un sculpteur.

Son travail de Maître Verrier et le soin qu’il va apporter à ses modèles vont le conduire à la production d’œuvres parfaites. Ses vases Corolle, Chrysanthème, Givré, Oblique, Amphore, et bien d’autres, sont des choses définitives, des œuvres d'art qui resteront dans l’histoire de la verrerie française.

Nombre d'articles de l'époque soulignent la pureté des lignes de ses pièces et la fascinante aptitude qu'elles ont à capter et renvoyer la lumière (voir certains articles ici).

Ses collaborateurs :

Ses verreries étaient fabriquées par la cristallerie de Choisy-le-Roi et ses moules étaient conçus et façonnés par la maison Etienne Franckhauser artiste travaillant aussi pour Lalique et Sabino.

Encart publicitaire de la maison E. Franckhauser parue  en 1927 dans la revue "Céramique et Verrerie".
Encart publicitaire de la maison E. Franckhauser parue en 1927 dans la revue mensuelle "Céramique et Verrerie".

Le sculpteur designer Roger Cognéville (1903 - 1965) cosignera un grand nombre des verreries créées par André Hunebelle ; Les verreries nées de cette collaboration sont toujours présentées sur ce site avec les 2 noms : Hunebelle et Cognéville. Les autres verreries sont uniquement des créations de André Hunebelle.

La diffusion de ses créations :

Outre les célèbres vases, le catalogue du Maître Verrier contient aussi des luminaires, des coupes, des assiettes, boîtes, bonbonnières, cendriers, flacons à parfum, services de verres, services à porto. Il sera également le producteur éditeur des dalles de verre noir gravées par l'artiste Luigi Parisio, destinées à la décoration notamment du paquebot Normandie mais aussi de palais et de villas de luxe.

Pour exposer et vendre ses verreries, André Hunebelle utilisera un premier magasin 11 rue Meslay dans le 3ème arrondissement près de la place de la République, c'est l'ancien magasin parisien de la fabrique de bois durci dont il était propriétaire :

Magasin André Hunebelle Verrier - 11 rue Meslay - Intérieur
Magasin André Hunebelle Verrier - 11 rue Meslay - Intérieur

On le retrouve ensuite à une autre adresse, 42 rue La Boétie à Paris dans le 8ème arrondissement :

Magasin André Hunebelle Verrier - 42 rue La Boétie - Devanture
Magasin André Hunebelle Verrier - 42 rue La Boétie - Devanture
Magasin André Hunebelle Verrier - 42 rue La Boétie - Intérieur
Magasin André Hunebelle Verrier - 42 rue La Boétie - Intérieur

Et enfin, André Hunebelle ouvre son célèbre magasin, beaucoup plus vaste et plus fastueux, avec une adresse prestigieuse à l'angle du rond-point des Champs Elysées, 2 avenue Victor Emmanuel III, aujourd'hui rebaptisée avenue Franklin - D Roosevelt ("rond-point" et non pas "avenue" des Champs Elysées comme on peut le lire à tort dans certaines biographies) :

Magasin André Hunebelle Avenue Victor Emmanuel - Intérieur
Magasin André Hunebelle Avenue Victor Emmanuel - Intérieur

Vers une autre voie moins créatrice : le cinéma, retour dans les ténèbres :

Son activité de Maître Verrier va cesser progressivement à partir de 1938. C'est sur les conseils de son ami Marcel Achard qu'il se laissera tenter par une "carrière cinématographique" qui démarrera partiellement en 1941, tout d'abord comme simple petit producteur de films puis plus sérieusement à partir de 1948 en tant que réalisateur ou plus exactement comme  "fabriquant de spectacles cinématographiques" comme le qualifie l'encyclopédie Universalis… formule que je trouve très polie et délicieusement élégante pour qualifier sa piètre contribution dans le domaine du cinéma : Taxi Roulotte et Corrida, Les 4 Charlots Mousquetaires, Le Bossu, la série des Fantômas, Furia à Bahia pour OSS117...etc. Bref, que des chefs d'œuvres inoubliables qui ont marqués à jamais la création cinématographique n'est-ce pas ?

Je me garderai bien de donner mon opinion sur ces films, le cinéma n'étant pas le sujet du présent site, et je laisse volontiers la place aux cinéphiles avertis pour dire sur d'autres sites spécialisés dans le 7ème Art si ces "chefs-d'œuvre" signés Hunebelle ont vraiment apporté quelque chose d'intéressant au cinéma.

Notez que vous pouvez visionner la totalité des images fixées sur ces kilomètres de pellicules inutiles, vous n'y verrez aucune de ses créations en verre. Les quelques verreries ordinaires, insignifiantes, voire de très mauvais goût présentes dans les décors de ses films ne sont pas de lui, comme si André Hunebelle cinéaste avait volontairement et définitivement tourné la page sur son passé d'artiste et de Maître Verrier.

Livres et ouvrages complets consacrés à André Hunebelle :

L'Art Moderne dans la Verrerie - Claude Morava 1929 :

L'unique catalogue d'époque paru en 1929. Un livre rare qui n'est plus édité. A chiner chez les brocanteurs et bouquinistes (il faut chercher !). Contient un article de André Fervant paru dans l'Illustration du 30 novembre 1929, des dédicaces louant la maîtrise du Maître Verrier, un texte de Claude Morava illustré des photographies de Rep et Jean Colas de la majorité des œuvres et surtout le catalogue commercial complet des établissements André Hunebelle de juillet 1930, qui détaille chaque pièce : noms des modèles, tailles, couleurs, variantes, et surtout les prix de l'époque qui permettent d'avoir même de nos jours, une idée assez précise de la rareté et de la valeur donnée à l'époque à chacune des pièces. Un ouvrage de référence indispensable pour tout collectionneur.

Pallas, supplément de la Revue "Le Manuscrit Autographe n 23 - Septembre Octobre 1929 :

Pallas, un supplément de la revue "Le Manuscrit Autographe n° 23" de Jean Royère spécialement consacré au Maitre Verrier André Hunebelle. Cette revue littéraire et artistique contient de précieux témoignages des contemporains qui font l'éloge de l'artiste verrier. Paru en septembre 1929, cet ouvrage témoigne de la célébrité et de l'intérêt suscité par les œuvres de l'artiste dans le milieu artistique de l'époque. Outre un texte signé Hunebelle intitulé "Le Miracle du Verre" et dans lequel l'artiste parle de son métier, on peut y lire des témoignages manuscrits fac-similés de Jean Royère, La comtesse de Noailles, Emma Claude Debussy, Maurice Rostand, Georges Normandy entre autres, avec la célèbre caricature de Don.  Un ouvrage précieux à trouver chez les bouquinistes antiquaires spécialisés pour les quelques exemplaires que l'on peut encore se procurer.

André Hunebelle Maître Verrier Période 1927-1931 - Louis Bénazet Michel Gratapac - Editions Arfon :

Le seul livre encore disponible aujourd'hui est celui de M. Louis Bénazet illustré des photographies de Michel Gratapac : André Hunebelle, Maître Verrier Période 1927 - 1931 aux éditions Arfon. Datant de 2006, ce livre incontournable, qui fut longtemps l'ouvrage de référence, contient la plupart des renseignements sur certaines des verreries d'André Hunebelle pour qui veut commencer une collection de ses œuvres.

Disponible ici sur le site des édition Arfon. 55 €.

 

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