André Hunebelle : Documentation Journaux d'époque

Publié par DPLM

La Renaissance de l'Art Français décembre 1928 :

Un grand Artiste du Verre André Hunebelle - par André David

 

La faveur subite qui a accueilli les premières tentatives d’André Hunebelle, en s’accroissant d’expositions en expositions, a poussé, malgré lui, le jeune et déjà célèbre artiste à disperser ses œuvres. On demeure confondu devant la maîtrise où se mêlent, d’une façon saisissante, une connaissance parfaite de l’harmonie des formes et une surprenante habileté à traiter une matière aérienne comme e nuage André Hunebelle est bien, ainsi que l’a dit Maurice Rostand, le poète des objets.

Nous retrouvons dans ses lignes l’influence mathématique d’une culture orientée vers les sciences, dominée par une inspiration où la géométrie prend la souplesse d’un beau vers français.

Sa personnalité est importante et très caractéristique car André Hunebelle a su apporter à l’art du verrier des directives nouvelle, tout comme, dans des genres différents l’avaient fait des Maîtres de la valeur de Lalique, Salt, Marinot. Au lieu de se borner à reproduire sur le verre des sujets en bas-relief, il s’est efforcé à rendre l’œuvre d’art intéressante par des contrastes de plans. Ses ensembles offrent donc moins une décoration superficielle qu’un savant et algébrique enchevêtrement de surfaces qui se pénètrent et se séparent comme des feux croisés.

Tout en guidant l’art du verrier vers cette conception neuve, c’est-à-dire de construire, de sculpter, tel l’architecte, plutôt que de décorer tel le graveur, et tout en continuant à faire saillir des parties vives taillées sur des fonds mats -ce qui fait vibrer le verre- André Hunebelle, dans ses toutes dernières productions, obtient un nouvel effet non plus seulement grâce à l’opposition des plans mais encore à celle des volumes. Toujours synthétique et très abstrait, il tend, comme le font tous les grands artistes consciencieux, à se dépouiller, se refuser la facilité des dons de l’inspiration seule, pour atteindre à la plus sobre des puretés. Sa formule pourrait être comparée à l’art poétique de M. Paul Valéry.

Au studio qu’il créé, 42, rue La Boétie, rien n’a été confié aux soins du hasard. Tant dans l’œuvre elle-même que dans sa représentation, chaque élément est une trouvaille originale. On conçoit sans peine que la beauté de tous ces objets féériques retienne chaque jour le regard charmé du passants qui comprend qu’un grand artiste a réussi le miracle d’emprisonner dans les simples gouttes bouillantes du verre l’âme rayonnante de la lumière.

L'intransigeant

9 décembre 1928

n° 17947

Les Arts

Les verres de André Hunebelle - Studio, 42, rue La Boétie

Entrefilet p.2

 

Le miracle du verre, le verre, la plus fragile et la plus durable des matières, a toujours séduit, par son éclat, par son mystère, la sensibilité des artisans d'inspiration romantique. Et André Hunebelle a trouvé dans le travail féerique de la verrerie le moyen d'épancher un lyrisme lumineux, et même constructif. Ses objets, verres, coupes, vasques, sont en effet aussi riches de coloration que solides quant à leur architecture. Car c'est par une sérieuse économie des moyens que André Hunebelle réussi à donner à ses objets cette mesure et ce goût que le verre, naturellement clinquant et pompeux, ne demande qu'à outrepasser.

L'Amour de l'Art - Février 1929 - page 74

Article "Le Mouvement des arts appliqués" : Un paragraphe sur la nouvelle boutique André Hunebelle 42 rue La Boétie. Par Gaston Varenne.

Le jeune maître verrier André Hunebelle a inauguré récemment ses nouveaux magasins.  On se rappelle la boutique de verrier d’art qu’il avait présentée au dernier Salon des décorateurs en collaboration avec R. Cognéville. Il a fait mieux ; il l’a réalisée rue la Boétie et il nous y présentera d’une façon permanente ses plus récentes créations. Je signale l’intérêt particulier de ses applications de la verrerie au luminaire et ses abat-jour en lactine, matière qui s’accorde parfaitement avec le verre, susceptible d’être décorée sobrement, ton sur ton. L’ensemble des travaux d’André Hunebelle dénote un artiste sui saura dégager bientôt des ses essais dirigés dans les voies les plus diverses une expression personnelle. Son sens du décor conserve une gaîté et une clarté qui échappent complètement à l’emprise du cubisme.

Gaston Varenne.

La Renaissance de l'Art Français - Juin 1929

Article paru dans La Renaissance de l'Art Français - juin 1929

Article paru dans La Renaissance de l'Art Français - juin 1929

Depuis sa dernière exposition qui lui a valu un si retentissant succès, les lecteurs de La Renaissance connaissent tous le jeune et fameux maître-verrier André HunA sa féerique collection de lampes et de lustres, de vases et de coupes savamment taillés dans une matière qui semble être la lumière elle-même, le brillant artiste vient d’jouter de nouvelles et superbes créations qu’il expose dans son studio du 42 de la rue La Boétie.

Toujours avide de simplification, évitant cependant toute monotonie, André Hunebelle travaille le verre avec la fantaisie mesurée du musicien qui sollicite des sons dispersés la gamme parfaite de la mélodie.

Ce qui est particulièrement rare, c’est de trouver, chez un artiste d’une telle qualité, un aussi constant souci de beauté et d’utilité. En effet, il est naturel qu’un artiste sincère veuille créer de l’harmonie. Mais qu’il soumette cette harmonie aux besoins de la vie courante, c’est là un effort exceptionnel pour mériter l’attention charmée de tous ceux qui aiment à parer leurs maisons d’objets pratiques qui, pourtant, chantent à l’imagination.

Grâce à André Hunebelle, des flacons à Porto, sirops, liqueurs ou boisson rafraîchies penchent leur col comme des branches de cristal et certains verres de table on l’air sculptés dans de fines fleurs pétrifiées.

L’art d’André Hunebelle est entré désormais dans l’histoire du verre. Son œuvre a un langage. Par les calculs poétiques de ses lignes, elle parle à l’intelligence ; par les tons céruléens de ses couleurs, elle s’adresse à la sensibilité. Elle est la sœur du nuage, de la vague et du jet d’eau.

Quotidien Paris Soir

26 décembre 1929

VERRERIE D'ART

"L'Art moderne doit puiser ses ressources dans la géométrie"

Article interview de M. André Hunebelle par Jean Marèze

Si, durant de longues années, on a pu croire perdu le secret des artisans verriers du moyen âge, nous avons maintenant le droit, en considérant les réalisations des modernes verriers d’art, de penser qu’il a été retrouvé. Quelques minutes passées dans le studio de l’un de ces artistes suffit. Par exemple, chez M. André Hunebelle, qui s’installa récemment avenue Victor-Emmanuel, près du rond-point des Champs-Elysées, au cœur même du nouveau Paris.

Qui ne connaît point M. André Hunebelle est tout de suite séduit par ce grand jeune homme mince, au visage intelligent et sympathique. L’œil à la fois vif et précis. Quand le jeune maître verrier parle de son art une flamme y lui, très pure.

"Voyez-vous, me dit-il, on peut dire que la façon dont nous comprenons à l’heure actuelle l’art de travailler le verre est exactement à l’opposé de la conception des Vénitiens. C’est la réaction contre la verrerie délicate, ciselée avec d'infinies précautions, enjolivée de mille fioritures, de détails charmants et microscopiques. Nous travaillons, nous, en pleine matière, en pleine masse, à la manière d'un sculpteur qui taille directement dans un bloc de marbre."
- C'est l'impression que l'on a en regardant vos belles choses. Comment vous y prenez-vous donc pour faire un vase ?

"Je commence, précise le grand artiste, par modeler en terre glaise une première esquisse dont les dimensions sont environ moitié de celles de l'objet à exécuter. Là dessus, je cherche, calcule, combine, modèle. Puis une seconde esquisse est pétrie, celle-là définitive, sur laquelle on coulera un moule creux en métal. Ce moule épouse la forme exacte du modèle avec une précision mathématique qui reproduira sur le verre toutes les ciselures... Avez-vous jamais visité une usine de verrerie ?"

- Jamais.

"Dans les verreries ordinaires, le travail se fait pour ainsi dire tout seul. Une machine prend la pâte de verre, l'étire, la tourne, la polit et donne la pièce définitive sans que l'ouvrier ait à intervenir. Il n'en est point de même dans nos verreries d'art. Là le spectacle change. Imaginez, au dessus des fournaises, des cuves où le verre s'étale en rouge nappe incandescente. L'artisan s'approche, une canne en verre à la main, qu'il plonge dans ce liquide et tourne rapidement. Bientôt au bout de la canne, une boule brûlante et molle s'est formée. L'homme d'un geste habile l'amène au-dessus du moule où il la laisse tomber avec une étonnante habileté. C'est un spectacle prodigieux qui m'émerveille encore à chaque fois que je le contemple. Ces gens ont absolument l'aire de jongler avec des boules de feu.

"Le vase est refroidi, démoulé et un autre travail commence. L'artisan n'a devant lui qu'une ébauche, un embryon. Il doit le polir, tailler à l'aide de meules, d'outils spéciaux. Enfin, l'oeuvre apparaît dans sa forme définitive."

M. Hunebelle me tend un vase lourd, qu'il soumet à mon admiration.

"Tenez, dit-il, rendez-vous compte."

- C'est merveilleux.

Sur les flancs de ce vase, des courbes géométriques exécutent un capricieux dessin, qui cependant bien d'aplomb ne choque pas.

"Voici le modèle, reprend mon interlocuteur, son dessin révèle mon goût pour la géométrie. C'est dans son domaine, à mon avis, que l'art moderne doit trouver sa voie."

"Voyez-vous, précise-t-il, à l'heure actuelle trop d'écoles ont pris pour unique règle la déformation ou la stylisation systématique de la nature. C'est à mon avis une erreur. La nature n'a pas besoin d'être déformée et les anciens l'ont bien compris qui la reproduisaient aussi exactement que possible. Ou bien il faut que cette stylisation s'accomplisse à l'insu de l'artiste, comme il arrivait aux primitifs. Pour nous modernes, nous devons chercher ailleurs notre voie sous peine de ne faire que des choses amusantes sans plus. Or, le domaine géométrique nous ouvre des horizons infinis. C'est là que nous trouverons des éléments qui marqueront plus tard notre place dans l'histoire de l'art."

En parlant ainsi, M. Hunebelle s'est animé. Dans ses yeux la flamme de tout à l'heure a grandi. Elle embrase maintenant son regard, et je comprends combien elle est plus nécessaire à la création de tant de chefs-d'oeuvre que les fournaises les plus ardentes de verreries. 

Jean Marèze.

 

Art et Industrie

Avril 1931

VII ème Année - n° 4

Pages 32 et 33

"Les Verreries de André Hunebelle"

 

"André Hunebelle, le maître verrier vient de rentrer de New York où il a présidé à une exposition de ses œuvres qui a remporté le plus brillant succès. Dès sont retour, il s'est mis au travail et son atelier déjà est tout rempli de ses derniers essais. "De plus en plus, nous a -t-il dit, je cherche à mettre en valeur une jolie matière ; il faut tendre surtout vers ce qui est simple et d'une beauté essentielle." Ses dernières créations sont d'un caractère particulièrement poétique avec leurs fines colorations bleutée ou améthyste. Une nouveauté

 

aussi : ses oiseaux d'après des sculptures de J.-J. Martel. André Hunebelle est spécialement intéressé par la question de l'éclairage. Après avoir étudié, avec les ingénieurs de la Compagnie des Lampes, la partie technique de l'éclairage électrique, il s'applique maintenant à employer les dernières découvertes en les rendant aussi esthétiques que possibles. Actuellement, il est arrivé avec son nouvel appareil à allier l'éclairage indirect avec la beauté et, ce qui est plus rare, l'économie. En employant le minimum de courant, on peut obtenir l'éclairage idéal. Dans un intérieur, en effet, la lampe est indispensable, elle est un objet qui orne, qui réchauffe un décoration et lui donne sa note d'intimité. André Hunebelle nous réserve dans ce beau et vaste domaine de la lumière, de très heureuse et très agréables surprises".

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